David Copperfield – Tome II. Чарльз Диккенс

David Copperfield – Tome II - Чарльз Диккенс


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encore une faveur: j'espère que vous ne trouverez pas mon désir trop absurde, Copperfield!

      – Certainement non, répondis-je d'avance.

      – Alors, dit Traddles en s'adressant à Peggotty, si vous aviez la bonté de vous procurer le pot à fleurs tout de suite, il me semble que j'aimerais à l'emporter moi-même, parce qu'il est à Sophie, Copperfield.»

      Peggotty alla chercher le pot à fleurs de très-bon coeur; il l'accabla de remercîments, et nous le vîmes remonter Tottenham- Court-Road avec le pot à fleurs serré tendrement dans ses bras, d'un air de jubilation que je n'ai jamais vu à personne.

      Nous reprîmes ensuite le chemin de chez moi. Comme les magasins possédaient pour Peggotty des charmes que je ne leur ai jamais vu exercer sur personne au même degré, je marchais lentement, en m'amusant à la voir regarder les étalages, et en l'attendant toutes les fois qu'il lui convenait de s'y arrêter. Nous fûmes donc assez longtemps avant d'arriver aux Adelphi.

      En montant l'escalier, je lui fis remarquer que les embûches de mistress Crupp avaient soudainement disparu, et qu'en outre on distinguait des traces récentes de pas. Nous fûmes tous deux fort surpris, en montant toujours, de voir ouverte la première porte que j'avais fermée en sortant, et d'entendre des voix chez moi.

      Nous nous regardâmes avec étonnement sans savoir que penser, et nous entrâmes dans le salon. Quelle fut ma surprise d'y trouver les gens du monde que j'attendais le moins, ma tante et M. Dick! Ma tante était assise sur une quantité de malles, la cage de ses oiseaux devant elle, et son chat sur ses genoux, comme un Robinson Crusoé féminin, buvant une tasse de thé! M. Dick s'appuyait d'un air pensif sur un grand cerf-volant pareil à ceux que nous avions souvent enlevés ensemble, et il était entouré d'une autre cargaison de caisses!

      «Ma chère tante! m'écriai-je; quel plaisir inattendu!»

      Nous nous embrassâmes tendrement; je donnai une cordiale poignée de main à M. Dick, et mistress Crupp, qui était occupée à faire le thé et à nous prodiguer ses attentions, dit vivement qu'elle savait bien d'avance quelle serait la joie de M. Copperfield en voyant ses chers parents.

      «Allons, allons! dit ma tante à Peggotty qui frémissait en sa terrible présence, comment vous portez-vous?

      – Vous vous souvenez de ma tante, Peggotty? lui dis-je.

      – Au nom du ciel, mon garçon! s'écria ma tante, ne donnez plus à cette femme ce nom sauvage! Puisqu'en se mariant elle s'en est débarrassée, et c'est ce qu'elle avait de mieux à faire, pourquoi ne pas lui accorder au moins les avantages de ce changement? Comment vous appelez-vous maintenant, P.? dit ma tante en usant de ce compromis abréviatif pour éviter le nom qui lui déplaisait tant.

      – Barkis, madame, dit Peggotty en faisant la révérence.

      – Allons, voilà qui est plus humain, dit ma tante: ce nom-là n'a pas comme l'autre de ces airs païens qu'il faut réparer par le baptême d'un missionnaire; comment vous portez-vous, Barkis? J'espère que vous allez bien?»

      Encouragée par ces gracieuses paroles et par l'empressement de ma tante à lui tendre la main, Barkis s'avança pour la prendre avec une révérence de remercîment.

      «Nous avons vieilli depuis ce temps-là, voyez-vous, dit ma tante. Nous ne nous sommes jamais vues qu'une seule fois, vous savez. La belle besogne que nous avons faite ce jour-là! Trot, mon enfant, donnez-moi une seconde tasse de thé!»

      Je versai à ma tante le breuvage qu'elle me demandait, toujours aussi droite et aussi roide que de coutume, et je m'aventurai à lui faire remarquer qu'on était mal assis sur une malle.

      «Laissez-moi vous approcher le canapé ou le fauteuil, ma tante, lui dis-je; vous êtes bien mal là.

      – Merci, Trot, répliqua-t-elle; j'aime mieux être assise sur ma propriété.» Là-dessus ma tante regarda mistress Crupp en face et lui dit: «Vous n'avez pas besoin de vous donner la peine d'attendre, madame.

      – Voulez-vous que je remette un peu de thé dans la théière, madame? dit mistress Crupp.

      – Non, merci, madame, répliqua ma tante.

      – Voulez-vous me permettre d'aller chercher encore un peu de beurre, madame? ou bien puis-je vous offrir un oeuf frais, ou voulez-vous que je fasse griller un morceau de lard? Ne puis-je rien faire de plus pour votre chère tante, monsieur Copperfield?

      – Rien du tout, madame, répliqua ma tante; je me tirerai très- bien d'affaire toute seule, je vous remercie.»

      Mistress Crupp, qui souriait sans cesse pour figurer une grande douceur de caractère, et qui tenait toujours sa tête de côté pour donner l'idée d'une grande faiblesse de constitution, et qui se frottait à tout moment les mains pour manifester son désir d'être utile à tous ceux qui le méritaient, finit par sortir de la chambre, la tête de côté en se frottant les mains et en souriant.

      «Dick, reprit ma tante, vous savez ce que je vous ai dit des courtisans et des adorateurs de la fortune?»

      M. Dick répondit affirmativement, mais d'un air un peu effaré, et comme s'il avait oublié ce qu'il devait se rappeler si bien.

      «Eh bien! mistress Crupp est du nombre, dit ma tante. Barkis, voulez-vous me faire le plaisir de vous occuper du thé, et de m'en donner une autre tasse; je ne me souciais pas de l'avoir de la main de cette intrigante.»

      Je connaissais assez ma tante pour savoir qu'elle avait quelque chose d'important à m'apprendre, et que son arrivée en disait plus long qu'un étranger n'eût pu le supposer. Je remarquai que ses regards étaient constamment attachés sur moi, lorsqu'elle me croyait occupé d'autre chose, et qu'elle était dans un état d'indécision et d'agitation intérieures mal dissimulées par le calme et la raideur qu'elle conservait extérieurement. Je commençai à me demander si j'avais fait quelque chose qui pût l'offenser, et ma conscience me dit tout bas que je ne lui avais pas encore parlé de Dora. Ne serait-ce pas cela, par hasard?

      Comme je savais bien qu'elle ne parlerait que lorsque cela lui conviendrait, je m'assis à côté d'elle, et je me mis à parler avec les oiseaux et à jouer avec le chat, comme si j'étais bien à mon aise; mais je n'étais pas à mon aise du tout, et mon inquiétude augmenta en voyant que M. Dick, appuyé sur le grand cerf-volant, derrière ma tante, saisissait toutes les occasions où l'on ne faisait pas attention à nous, pour me faire des signes de tête mystérieux, en me montrant ma tante.

      «Trot, me dit-elle enfin, quand elle eut fini son thé, et qu'après s'être essuyé les lèvres, elle eut soigneusement arrangé les plis de sa robe; … vous n'avez pas besoin de vous en aller, Barkis!.. Trot, avez-vous acquis plus de confiance en vous-même?

      – Je l'espère, ma tante.

      – Mais en êtes-vous bien sûr?

      – Je le crois, ma tante.

      – Alors, mon cher enfant, me dit-elle en me regardant fixement, savez-vous pourquoi je tiens tant à rester assise ce soir sur mes bagages?»

      Je secouai la tête comme un homme qui jette sa langue aux chiens.

      «Parce que c'est tout ce qui me reste, dit ma tante; parce que je suis ruinée, mon enfant!»

      Si la maison était tombée dans la rivière avec nous dedans, je crois que le coup n'eût pas été, pour moi, plus violent.

      «Dick le sait, dit ma tante en me posant tranquillement la main sur l'épaule; je suis ruinée, mon cher Trot. Tout ce qui me reste dans le monde est ici, excepté ma petite maison, que j'ai laissé à Jeannette le soin de louer. Barkis, il faudrait un lit à ce monsieur, pour la nuit. Afin d'éviter la dépense, peut-être pourriez-vous arranger ici quelque chose pour moi, n'importe quoi. C'est pour cette nuit seulement; nous parlerons de ceci plus au long.»

      Je fus tiré de mon étonnement et du chagrin que j'éprouvais pour elle… pour elle, j'en suis certain, en la voyant tomber dans mes bras, s'écriant qu'elle n'en était fâchée qu'à cause de moi; mais une minute lui suffit pour dompter son émotion, et elle me dit d'un air plutôt triomphant qu'abattu:

      «Il


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