Ses Guerriers Cyborg. Grace Goodwin

Ses Guerriers Cyborg - Grace Goodwin


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qui se déplaçait sous le microscope se tordit et s'étira, engloutit totalement la cellule Prillon saine flottant dans le milieu de culture à proximité. Ce truc si minuscule, si fascinant, rendait les guerriers malades. Il ne tuait pas mes patients mais l'infection rendait malade de vigoureux combattants dans la fleur de l'âge. Ma mission consistait à l'identifier, la comprendre et l'éradiquer. Pas seulement pour ici, sur la Colonie, mais pour toute la Coalition. J'y étais presque.

      —Dr Surnen ? Tu es attendu en salle de transport numéro 2.

      Le Capitaine Trax se tenait à l'entrée de mon laboratoire. C'était le second que j'avais choisi—si jamais j'avais la chance d’épouser une femme—c’était un ami fiable. Il était enclin à réagir de façon excessive, son instinct de guerrier rendait chaque affaire pressante. Il avait grandi à bord d’un cuirassé, se battait depuis qu'il était assez grand pour tenir un pistolet laser, prenait des décisions hâtives auxquelles je préférais réfléchir un peu plus longuement.

      J'étais médecin, chercheur. Nous appliquions tous deux le protocole à la lettre— moi, en tant que scientifique, lui, en tant que combattant impitoyable—nous estimions que les règlements garantissaient notre sécurité. Mais les trajets fréquents effectués vers la salle de Transport 2 pour vérifier l'arrivée des fournitures médicales devenaient usants. J'étais occupé et à deux doigts de mettre un point final au traitement qui viendrait à bout de cette maladie et accaparait tout mon temps.

      Je ne quittai pas des yeux la cellule infectieuse qui continuait de dévorer la cellule Prillon désormais affaiblie, ne pris pas la peine de lever la tête pour répondre à Trax. J'ajoutai une goutte de liquide sur la lame et contemplai mon échantillon de sérum en train de tuer la bactérie. Je souris.

      —Envoie un technicien. Je suis occupé.

      Sa profonde expiration fut son unique preuve d'agacement à mon encontre.

      —Surnen, joue pas au con.

      Ainsi que le ton de sa voix. Le choix des mots.

      —Je suis occupé.

      Deux guerriers Prillons reposaient dans des modules ReGen et une demi-douzaine d'autres étaient en quarantaine dans leurs quartiers. Un autre que moi se chargerait de l'inventaire.

      Je m'attendais à ce que Trax s'en aille, fasse ce que j'avais demandé et demande à un des médecins d'inspecter la nouvelle cargaison. Au lieu de cela, il s'avança plus avant dans la pièce.

      —Tu refuses de m'accompagner en Salle de Transport Numéro 2 ?

      —Oui, merde à la fin, aboyai-je. Fous le camp. J'ai déjà huit guerriers hors circuit avec cette putain d'infection, je suis en train de mettre le traitement au point. Je te le répète, je suis occupé. J'ai des choses plus importantes à faire qu'inspecter l'arrivage de la dernière cargaison.

      —Excellent.

      Sa gaieté piqua ma curiosité, je finis par lever les yeux et le regardai par-dessus mon microscope.

      —Ton bonheur fait plaisir à voir. Je lui indiquai la porte d'un signe de tête Et maintenant, file.

      —Dr Surnen de Prillon Prime, tu viens de refuser de te rendre en salle de transport pour accueillir ta nouvelle partenaire, je demande officiellement à ce que les droits et privilèges d'Époux Principal me soient transférés. Ordinateur, veuillez enregistrer les date et heure de ma demande.

      Une voix douce et féminine émanait d'un haut-parleur près de la porte.

      —Confirmé, Capitaine Trax. Votre demande a été traitée et envoyée à Prillon Prime pour examen.

      —Pardon ?

       C'etait quoi ce bordel ?

      —Fais-moi savoir quand tu auras terminé de faire mumuse, Surnen. Tu peux être mon second. Je m'occuperai de notre femme pendant que tu travailleras. Ne t'inquiète pas pour sa sécurité ou son bonheur. Je m'assurerai qu'elle soit bien baisée et protégée par un collier Prillon, je comblerai tous ses désirs pendant que tu sauveras le monde."

      Sur ce, il s'inclina solennellement, tourna les talons et me laissa bouche bée derrière mon bureau.

      Pardon ?

      Mon esprit se mit lentement en branle. Quand je travaillais, la moindre pensée, le moindre sentiment, la moindre émotion se focalisaient sur la tâche à accomplir. L'échantillon de sérum ainsi obtenu permettrait peut-être de se passer des caissons ReGen pour guérir les guerriers. Une seule dose de sérum devrait permettre de se prémunir d'autres infections. Les informations et le traitement que je mettrais au point seraient téléchargés dans la base de données médicales de la Flotte de la Coalition et diffusés à la Flotte pour aider d'autres guerriers désireux d'épouser des humaines. La Terre étant la seule planète où les femmes étaient prêtes à accepter comme des compagnons des hommes brisés bannis sur la Colonie, trouver un remède était d'une importance capitale, le microbe étant une maladie humaine qui s'était adaptée à son nouvel environnement : les non-humains de la Colonie.

      Avec autant de planètes en constante interaction, mon combat pour endiguer de nouvelles souches de maladies m'occupait nuit et jour, une bataille permanente au sein de la Flotte de la Coalition, un combat que je m’efforçais de gagner.

      Je me battais contre ce que je pouvais, en utilisant mon intellect et ma capacité à me concentrer pour trouver un remède à toutes les maladies de la galaxie. D'autres planètes m'envoyaient souvent des échantillons de nouveaux organismes et de nouvelles maladies, cherchaient à les comprendre et les éradiquer. Je refusais de pourrir sur cette planète en m'apitoyant sur mon sort. Hors de question.

      J'avais passé suffisamment de temps à pleurer la mort de mes parents à cause de la nature rebelle de ma mère et du manque d'envie de mes deux pères à la retenir. Elle s'était bien amusée. Je devais l'avouer. Ma mère avait vécu sa vie comme si chaque jour était le dernier, faisant fi des règles de prudence élémentaire—et du règlement. Ils étaient morts pour elle, mes pères avaient cédé à tous ses caprices.

      J'étais devenu orphelin à douze ans, mes parents ayant enfreint les protocoles de la Flotte de la Coalition. Déterminé à ne pas laisser les autres faire les mêmes erreurs ou subir les mêmes conséquences, j'avais effectué des études de médecine sur Prillon Prime pour apprendre à sauver les autres. Je n'avais pas de famille, peu d'amis, tout tomberait à l'eau si j'étais capturé et contaminé par la Ruche.

      Routine. Objectif. Études. Règles. Règlement. Ordre. Tout ce que ma mère détestait viscéralement étaient les seules choses capables de me sauver.

      J'avais une mission. Une mission importante. Sauf que...

      Trax avait sûrement plaisanté concernant l'arrivée d'une compagne.

      L'arrivée d'une femme compatible avec moi était impossible. Carrément impossible. J'avais fait le test, une chance existait sur le plan statistique, mais j'avais abandonné tout espoir d’obtenir une Épouse Interstellaire depuis des années. Des années.

      Et pourtant ...

      —Opérateur, aboyai-je. Ici le Docteur. Mettez-moi en contact avec la Salle de Transport Numéro 2.

      —Contact établi, Docteur, répondit l'opérateur.

      J'entendais des voix par le haut-parleur. Trop de voix pour une banale livraison de fournitures médicales.

      —Ici Dr Surnen.

      —Surnen ? C'est Rachel. Qu'est-ce que tu fous, bon sang ? Pourquoi t'es pas là ? Magne-toi !

      Cette humaine avait été affectée au gouverneur de la Base 3 et à son second, le Capitaine Ryston. Nous n'étions pas amis à son arrivée sur la Colonie. Loin de là. Lors de son accouchement, elle m'avait pardonné d'avoir appliqué le protocole à la règle à son arrivée, d'avoir insisté pour procéder à des examens médicaux qu'elle refusait de subir.

      —Oh


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