Ses Guerriers Cyborg. Grace Goodwin

Ses Guerriers Cyborg - Grace Goodwin


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avait épousé un Chasseur Everian. J'avais également mis au monde son nouvel enfant. J'avais la double casquette d'obstétricien et bactériologiste.

      —Qu'est-ce qui se passe ici ? Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine, mais je refoulais toute trace d'excitation. C'était sûrement un piège. Mon esprit tournait au ralenti, encore entièrement absorbé par l'analyse génétique. Passer d'un sujet à l'autre de façon aussi radicale était difficilement acceptable. Une femme. Pour de vrai ?

      —Amène-toi, Doc. Nous avons été informés du résultat de ton test et de l'arrivée imminente de ta femme. Trax va péter un plomb.

      Ces paroles vulgaires ne pouvaient venir que de Kristin—la femme de Tyran et Hunt—anciennement flic sur Terre, elle travaillait toujours avec les équipes d'éclaireurs ici, sur la planète. Je ne comprenais pas, et cautionnais encore moins, comment ces deux hommes permettaient à leur femme de risquer sa vie au quotidien, mais je n'étais pas là pour la protéger. Ce n'était pas mon problème, du moins jusqu'à ce qu'elle se blesse.

      Si ma femme me parlait sur ce ton, je lui botterais le cul avant de la tringler bien profond.

      —Doc ? T'es là ? demanda Kristin.

      —Oui.

      —Ta femme. Tu m'écoutes quand je parle ou quoi ?

      —Oui. Oui, mais je n'y croyais toujours pas. Je n'osais pas y croire. Le fait de m’être résigner était la seule chose qui m'avait permis de rester sain d'esprit toutes ces années sur cette planète déserte. Je servirais ma cause et mourrais sur ce caillou. Tel était mon destin.

      Une femme symbolisait l'espoir. Et ce fichu espoir risquait d'avoir raison de moi.

      J'étais debout mais mes pieds restaient cloués au sol alors qu'une explosion de bruit et de voix de femmes surexcitées me parvenaient dans un embrouillamini de sons via le haut-parleur.

      —Dr Surnen, ici Maxim.

      Je fus parcouru par un immense soulagement en entendant sa voix grave et autoritaire. Cette hérésie s'achevait enfin.

      —Oui, Gouverneur.

      —Ce n'est pas une plaisanterie, lâcha-t-il. L'arrivée de votre femme, Umiko Tanaka de la Terre, est prévue via la prochaine navette. Trax attend son arrivée ici avec une couverture bleue.

      Merde.

      Le bleu était la couleur de la famille de Trax, pas la mienne. Pas la mienne, putain. Il ne plaisantait pas.

      —J'ai reçu une notification, Docteur, disant que Trax aurait envoyé une demande à Prillon Prime pour être officiellement désigné Époux Principal. Souhaitez-vous que j'approuve sa demande ?

      Putain.

      —C'est mon bras droit, elle est à moi, dis-je en me dirigeant vers la porte... et c’est ma femme.

      Son rire m'aurait rendu furieux si je ne m'étais pas comporté comme un idiot ces dernières minutes.

      —Je savais que vous me répondriez ça.

       Mikki, Centre de Recrutement des Épouses Interstellaires, Terre

      La Gardienne Bisset esquissa un sourire face à ma question.

      —Cela signifie, Mlle Tanaka, que les tests ont pris deux fois plus de temps que d'habitude. J'ai dû lancer une seconde simulation, que vous avez acceptée, les données ont finalement pu être recueillies. Le système a trouvé le partenaire idéal.

      J'étais perplexe.

      —Ah bon ? J'essayai de lever la main pour me gratter la tête mais j'avais les mains liées. Vous me les enlevez ?

      —Non. Selon le protocole, toutes les criminelles doivent rester entravées pendant la durée des tests et du trajet. Je suis désolée, Mlle Tanaka.

      —Mikki. Je ne vous ferai aucun je mal. Je levai la tête. Je suis biologiste spécialisée en environnement. Je suis sûre que cette tablette contient tout mon dossier. Je poursuivis en soupirant. Ok, j'ai fait de la prison pour destruction de biens, pas pour meurtre.

      J'avais foré d'énormes trous dans quelques bateaux. Des bateaux vides. Des baleiniers qui enfreignaient l'interdiction internationale. Recherche scientifique, mon cul. Ils ternissaient la réputation de vrais scientifiques comme moi. C'était pourtant l'excuse qu'ils avaient sortie. Et alors ? Ils avaient le droit de tuer des baleines en toute impunité et moi je n'avais pas le droit de faire un trou dans la coque d'un bateau vide ?

      Si c'était à refaire, je le referais. Raison pour laquelle mes parents m'avaient laissée pourrir en prison et forcée à me contenter d'un avocat commis d'office, alors qu'ils avaient suffisamment de fric pour en engager un qui aurait pu me faire libérer sous caution.

      Mes parents étaient très à cheval sur la loi. Les règles. Le protocole. Le devoir, l'honneur familial. J'y avais eu droit tant de fois que je pouvais réciter le discours de mes parents par cœur avant même qu'ils ouvrent la bouche. Des immigrants qui évitaient de faire des vagues, tant qu'ils ne seraient pas des citoyens à part entière. Même après, la culture dans laquelle ils avaient baigné n'approuvait pas la rébellion. La famille. L'honneur. Le devoir. C'était toute leur vie.

      J'avais refusé de m'y conformer. J'étais bien la fille de mon père. Les baleiniers agissaient mal. Ils faisaient du mal à des animaux sans défense. L'océan devait demeurer un havre de paix. Avant même d'obtenir mon diplôme, je luttais contre l'élément liquide lors de compétitions de surf, les vagues étant mon concurrent ultime. Je respectais l'océan et ses êtres vivants. D'autres ne le respectaient pas. D'autres détruisaient notre planète, et c'est moi qui étais en prison pour des crimes contre l'humanité ? Sans déconner !

      Oui, on m'avait traitée de tous les noms, de sauvage, de hippie, voire de droguée. Je n'étais rien de tout cela. Les industries qui déversent produits chimiques et déchets dans l'océan, la pêche illégale et les opérations de chasse à la baleine avaient fait en sorte de transformer mon amour de l'océan et tout ce qu'il contient en quelque chose de honteux.

      —Elle doit appliquer le protocole à la lettre quel que soit votre crime, Umiko. Je regrette.

      La Gardienne Égara avait répondu à la place de l'autre, comme si le fait de s'excuser arrangerait les choses. Pourquoi s'obstinait-elle à utiliser mon vrai prénom ? Je me demandais si elle le faisait exprès ou si elle était prout-prout au point de ne pas savoir comment s'adresser aux gens. Je penchais en faveur de la deuxième possibilité, à en juger par son chignon strict et son expression sévère.

      Umiko. Enfant de la mer.

      Je soupirai.

      —Mikki.

      —Très bien, Mlle Tanaka, la Gardienne Égara acquiesça sans toutefois utiliser mon surnom. Et leva les yeux au ciel. Cette femme aurait grand besoin de se faire tringler. En parlant de...

      —Vous avez dit qu'on m'avait trouvé un partenaire ? demandai-je.

      La Gardienne Bisset acquiesça avec enthousiasme.

      —Vous êtes compatible avec un combattant de la Colonie. Un homme originaire de Prillon Prime. Ce qui explique votre rêve et votre attirance sexuelle pour deux hommes.

      Je demeurai bouche bée, sentis mes joues s'empourprer. Je présumais qu'elles savaient pour mon test puisqu'elle avait regardé mais j’avais cru qu'elles m'observaient, simplement allongée sur le fauteuil. Elles avaient assisté à mon orgasme final, qu'elle l'exprime à haute voix corroborait que tout ce que j'avais fait dans ce rêve, tout ce que je croyais détester, avait été observé.

      —Comment savez-vous qu'ils étaient deux ? Vous pouvez voir le rêve ?

      Ça m’avait tout l’air d'une violation d'intimité.

      —Non.


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