Dictionnaire érotique moderne. Alfred Delvau
poètes chantent la femme, les goujats la baisent; les uns agissent pendant que les autres pensent: les goujats sont plus heureux que les poètes.
Baron Wodel.
Agnès.—Jeune fille embarrassée de son pucelage; fausse ingénue qui affecte de croire que les enfants se font par l’oreille, bien que son petit cousin lui ait appris par quel autre endroit ils s’improvisent.
Je n’aime pas ces Agnès-là, je leur préfère des garces franchement déclarées.
Lireux.
Agréments naturels. Le membre viril.
Il arrive de province ce matin, et la fatigue du voyage fait un peu de tort à ses agréments naturels.
(Les Aphrodites.)
Aide-mari. Amant,—qui aide en effet l’époux dans sa besogne conjugale, mais à son insu, bien entendu.
Il est assez égal que les enfants qu’elle pourra donner à son époux soient de lui ou du plus fécond des aide-mari qu’elle favorise.
A. de Nerciat.
Aigrette conjugale. Au figuré: ornement de tête de MM. les cocus; les cornes que leur font porter mesdames leurs épouses.
X... a couché avec madame Z...? Encore un fleuron à ajouter à l’aigrette conjugale de son mari.
(Diable au corps.)
Aiguille. Le membre viril, avec lequel on pique les femmes,—qui en enflent pendant neuf mois.
Mariette est femme très honnête,
Et si ce n’est un jour de fête,
Elle a toujours l’aiguille en main.
Théophile.
Un vieil homme est comme une vieille horloge, plus elle va avant, plus l’aiguille se raccourcit.
Tabarin.
Aiguillon. Le membre viril, avec lequel on pique les femmes pour les réveiller quand elles sont endormies.
Et profitant d’un moment de faiblesse,
Il lui glissa son fringant aiguillon.
Piron.
Aiguillonner. Travailler du bout de la langue sur un vit, ou sur un clitoris.
... Dès lors, il a le nez sur la céleste mappemonde, et sa langue amoureuse aiguillonne le brûlant bijou.
(Aphrodites.)
Aimant. Ce qui attire l’homme à la femme, et vice versa.
Quand mes baisers passionnés lui coupent la parole, quand mes téméraires mains et le reste ont mis le feu partout... nos aimants se joignent, s’attirent, s’unifient... L’univers est oublié!...
Monrose.
Aimer. Synonyme élégant et pudique de foutre. Quand un homme dit à une femme: «Je vous aime,» il veut lui dire et elle comprend parfaitement qu’il lui dit: «Je bande comme un carme, j’ai un litre de sperme dans les couilles, et je brûle de l’envie de te le décharger dans le con.» Il n’y a que les poètes, les impuissants et les mélancoliques qui aient osé jusqu’ici donner à ce verbe éminemment actif un sens passif—et ridicule.
... La fille entretenue
Dit: Aimons!!!...
Protat.
Aimer ça. Avoir un goût fort vif pour les choses de la fouterie et pour la fouterie elle-même.
Monsieur, tout ce qu’il vous plaira.
J’aime assez ça,
J’aime bien ça.
Collé.
Aimer la femme. Avoir le tempérament amoureux, aimer à aimer—quelque femme que ce soit.
Que voulez-vous, mon père? j’aime la femme et je le lui prouve le plus souvent que je peux.
J. du Boys.
Aimer la marée. Aimer à gamahucher une femme, se dit par allusion à l’odeur sui generis qu’exhale son vagin.—L’expression date seulement du XVIIIe siècle, et elle vient de l’académicien Saint-Aulaire, le même qui avait fait sur la duchesse du Maine le fameux quatrain où il est déjà question de Téthys. Il serait dommage de priver la postérité de ce second quatrain, qui méritait de devenir aussi fameux que le premier:
De l’écume des mers, dit-on,
Naquit la belle Cythérée:
C’est depuis ce temps que le con
Sent toujours un peu la marée.
Aimer le cotillon. Aimer la femme—surtout quand elle est déshabillée.
Vous aimez trop le cotillon, mon cher, il vous en cuira.
E. Durand.
Aimer le goudron. Aimer à enculer, soit les femmes, soit les hommes,—ce qui embrène la queue.
Pour Jupiter, façon vraiment divine,
Le con lui pue, il aime le goudron.
(Chanson anonyme moderne.)
Aimer l’homme. Avoir du goût pour la pine, s’en servir le plus souvent possible; jouer franchement des fesses lorsqu’on est sous l’homme.
Les femmes qui aiment l’homme sont assez rares, aujourd’hui que les femmes aiment si volontiers la femme et que les tribades ont remplacé les jouisseuses.
A. François.
Aimeuse. Petite dame—galante,—qui fait profession d’aimer.—Synonymes: putain, lorette, cocotte, grue, catin, vache, etc., etc.
Les Juifs avaient leurs Madeleines;
Les fils d’Homère leurs Phrynés.
Délaçons pour tous les baleines
De nos corsets capitonnés.
Rousses, blondes, brunes ou noires,
Sous tous les poils, sous tous les teints...,
Qu’il pourrait raconter d’histoires,
Le cercle de nos yeux éteints!
Folâtres ou rêveuses,
Nous charmons;
Nous sommes les aimeuses:
Aimons!
Eug. Imbert.
Air cochon (Avoir un). Avoir un visage provoquant, qui appelle l’homme, qui le convie à manquer de respect à la femme qui a ce visage; avoir les yeux égrillards, la bouche voluptueuse, etc.
Je vous ai un petit air cochon comme tout.
Lemercier de Neuville.
Ajuster une femme. La baiser,—ce qui est ajuster le membre viril dans son vagin avec la raideur d’une flèche lancée d’une main sûre.
Alcibiadiser. Agir en pédéraste passif, se laisser enculer—comme Alcibiade par Socrate.
Aller à Cythère. Ce que les délicats appellent Ad summam voluptatem pervenire, et les voyous, Aller au bonheur,—le seul voyage que l’on ne puisse faire seul, et que l’on fait toujours à cheval sur une belle jument.
J’aime, dit Ros’, quand on m’mène à Cythère,
Qu’on se promèn’ pendant plusieurs instants;
Dès qu’on r’ssort, ça n’ m’amuse guère.
Dida.
Aller à dame. Baiser; coucher avec une femme.—Cette expression, empruntée au jeu de dames, a été inventée par un pion de l’institution Sainte-Barbe.
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