Choisie par le mâle Alpha Coffret. Kayla Gabriel
de rideaux pastel. Une coiffeuse ainsi qu’une armoire assortie, décoraient l’un des angles de la pièce, un beau bureau en chêne occupait le mur central et les autres n’étaient pratiquement que baies vitrées, plaisamment protégées de voilages blancs.
Pendant une bonne minute, Aurélia resta dans l’embrasure de la porte, la bouche ouverte. Si elle avait dû faire un collage de la chambre parfaite, découpée depuis une centaine de magazines de décoration intérieure, elle n’aurait pas pu faire mieux que celle dans laquelle elle se tenait actuellement.
Elle entra, refermant la porte, et la bouche, et se concentra sur les détails. Une machine à écrire contenant une feuille de papier vierge était posée sur le bureau, n’attendant que ses mots. Des fleurs de cerisiers et des orchidées décoraient la coiffeuse. Un divan crème était disposé devant la fenêtre. Sur la table de chevet, plusieurs bouteilles d’eau étaient mises à rafraîchir dans un seau à champagne en argent et quand elle s’en approcha, elle réalisa qu’il s’agissait en plus de sa marque préférée.
Ouvrant l’armoire en grand, elle se rendit compte qu’elle était remplie vêtements de tous les styles possibles et imaginables. Sur la coiffeuse, quelques produits de maquillage qu’elle aimait utiliser, son parfum favori…
Elle s’immobilisa. Examinant la coiffeuse plus attentivement, elle se saisit d’une vieille carte décolorée qui avait été coincée dans l’encadrement du miroir. Elle n’avait pas besoin de lire ce qu’il y avait d’écrit, elle le savait déjà.
« T’es trop belle, ma belle ! » était écrit au dos de la carte de son écriture ronde d’adolescente.
Comment Lucas avait-il pu se procurer quelque chose qu’elle avait possédé dans sa famille d’accueil préférée, plus de dix ans auparavant ?
Repositionnant la carte précautionneusement, Aurélia se recula et se dirigea vers le lit. Elle y grimpa et se laissa tomber dessus la tête la première.
Des douzaines, ou peut-être des milliers d’émotions différentes envahissaient son esprit. Tension, soulagement, peur, épuisement, gratitude, émerveillement… tout se mêlait dans sa tête et l’étourdissait. Fermant les yeux avec force elle prit une grande inspiration.
Non, elle n’allait pas pouvoir s’en empêcher. Les larmes commencèrent à couler et elle se retrouva rapidement à renifler. Ensuite, elle eut le hoquet. Puis, elle pleura à chaudes larmes, à bout de souffle, prise en otage par son cœur qui avait trop souffert du mal du pays.
La carte avait été la goutte de trop. Aurélia pleura et pleura, expulsant jusqu’à la dernière goutte la résistance, la colère, la peur et la tension qu’elle gardait au plus profond d’elle-même, en même temps que ses larmes douces amères. Ses pleurs s’apaisant peu à peu, elle prit conscience que quelqu’un s’était donné beaucoup de mal, juste pour elle…
Elle n’eut ensuite aucun mal à tomber dans un sommeil profond.
4
Douze heures plus tard, Aurélia émergea enfin de sa chambre. Elle avait pris le temps d’explorer le reste de sa suite et y avait trouvé un petit salon absolument exquis où était posé un service à thé ainsi qu’une sonnette, bien qu’elle ne fut pas certaine qu’il y eut des domestiques. Puis elle découvrit la salle de bains carrelée d’un blanc immaculé et ornée d’une immense baignoire sur pieds. Tous ses produits de soins préférés, tout ce qu’elle n’avait pas réussi à se procurer en Inde ou en Nouvelle Zélande était là, pour elle.
Elle s’était fait couler un super bain moussant, avait pris soin de chaque centimètre carré de sa peau, de ses cheveux, s’était verni les ongles des pieds…
Puis, elle avait été refaire une tour dans sa nouvelle garde-robe. Elle ne pensait pas avoir le temps de tout regarder en une fois et avait prévu de prendre ce qui lui tomberait sous la main… sauf que la première tenue qu’elle attrapa, s’était révélée être une magnifique robe de soirée de chez Christian Siriano. Elle la remit donc en place. La deuxième chose qui lui tomba sous la main fut une longue robe sans manche couleur pêche clair, joliment cintrée à la taille, qui cascadait jusqu’à ses pieds. La doublure était si douce qu’elle en soupira d’aise en la faisant glisser sur son corps.
Elle laissa ses cheveux longs sécher naturellement et renonça à se maquiller ou à se parfumer. Elle prit plaisir à se sentir ainsi, naturelle et détendue et décida de ne pas non plus mettre de chaussures. Les hommes étaient pieds nus quand elle les avait vus et elle avait apprécié. C’était moins prétentieux.
S’approchant du bureau, elle se saisit de la pile de papiers imprimés qui l’attendait. Elle tira la chaise et s’assit, parcourant la première page du contrat.
Elle n’était pas sûre de savoir à quoi s’attendre. Lucas était un homme d’affaires, il aurait peut-être mis à plat les détails de ce qu’elle devrait lui faire : la fréquence des actes sexuels, l’obéissance absolue, l’obligation de se pomponner à toute heure.
Au lieu de cela, les termes étaient clairs et simples. Le contrat listait leur nom ainsi que leur lieu de résidence. Il stipulait qu’Aurélia s’engageait à offrir de la compagnie à Lucas pour une période d’un an et qu’en échange, il s’engageait à alléger ses ennuis judiciaires et lui fournirait une généreuse rétribution financière qui la laisserait avec au minimum 250 000 dollars à la fin de leur contrat. Aurélia dû regarder les chiffres plusieurs fois, avant de bien les intégrer. 250 000 dollars, c’était une belle somme.
Au bas de la page, deux lignes pour les signatures et la date. La première ligne était déjà ornée de la signature élégante de Lucas.
Fronçant les sourcils, Aurélia tourna la page. Elle était vierge.
« C’est tout ? » demanda-t-elle à haute voix.
Elle se saisit du joli stylo à plume disposé sur le bureau à son attention et soupira. À quoi ça lui servirait d’attendre, hein ?
Elle déboucha le stylo et signa le contrat. Un nœud d’anxiété commença se former dans son estomac, mais elle le repoussa. Reposant le stylo sans cérémonie, elle se recula du bureau et se leva. Il était temps d’aller voir Lucas et de lui fournir la compagnie qui lui vaudrait sa subsistance.
Aurélia se dirigea vers le rez-de-chaussée, tenant précautionneusement l’ourlet de sa robe tout en descendant les marches. Elle était légèrement trop longue et cette imperfection allégea le poids, sinon oppressant, de l’hospitalité de Lucas.
Une fois parvenue au bas des marches, elle intercepta une bribe de conversation.
« …sais même pas si elle est encore en vie à ce moment précis, était en train de dire Ben.
— Moi je pense qu’elle se porte très bien, au contraire, » dit Lucas en se retournant vers elle. Elle n’avait fait aucun bruit et pourtant, il avait senti sa présence.
L’homme qui lui avait été présenté sous le nom de Walker, semblait prêt à se reculer pour lui laisser la place d’approcher, mais elle lui fit un signe de la main.
« Je vais bien, pas besoin de bouger, dit-elle, s’approchant du canapé où les hommes étaient affalés.
— J’espère que tu as bien dormi ? s’enquit Lucas. Je vois que tu as trouvé les vêtements que j’ai mis à ta disposition. »
Aurélia rougit, passant ses mains sur l’avant de sa robe.
« Oui, merci.
— T’es vraiment très jolie, » s’exclama Ben, devenant lui aussi rouge tout d’un coup. Il se passa une main dans les cheveux, gêné.
« Merci, » répondit-elle, en le gratifiant d’un beau sourire. Ben était adorable, plus fin et moins coincé que les deux autres. Son jean délavé, son t-shirt