La Presse Clandestine dans la Belgique Occupée. Jean Massart

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(no. 1011 de la Gazette de Cologne) qu'au cours de sa présence récente à Rome, il a été interviewé par le correspondant du Corriere della Sera. Lorsque cette interview parut dans le journal, le cardinal a immédiatement contesté de la façon la plus énergique de s'être prononcé comme le Corriere le prétend. Aussi fit-il sur l'heure parvenir au ministre de Prusse près le Vatican, ainsi que par mon intermédiaire, à l'abbé von Stotzingen, une protestation qui devait être publiée dans l'Osservatore Romano.

      «Je vous serais très obligé, Monsieur, de vouloir bien, dans l'intérêt de la vérité, publier cette déclaration dans la Gazette de Cologne

      Francfort, 12 septembre.

      La Gazette de Francfort apprend de Stockholm: La vérité au sujet de Louvain commence à percer même en Angleterre. Dans la Westminster Gazette, un ancien membre du Parlement écrit: «Lorsque la population urbaine tira tout d'un coup, de l'intérieur des maisons, sur les troupes allemandes, cet acte de folie devait nécessairement entraîner des conséquences justes. Le feld-maréchal Lord Roberts fit incendier pour des faits analogues des fermes de Boers.»

      Le Gouvernement militaire allemand.

      Voyons d'abord l'extrait daté de Cologne, disant que Mgr Mercier a accordé une interview à un rédacteur du Corriere della Sera. Cela est faux: ce n'est pas avec un rédacteur du Corriere della Sera.. journal à tendances libérales, que Mgr Mercier s'était entretenu à Rome, mais avec un collaborateur du Corriere d'Italia. qui est franchement catholique.

      Plus ingénieusement falsifié est le second extrait. Un ancien membre du Parlement anglais aurait affirmé que la population de Louvain tira sur les troupes allemandes. Or, ce membre reproduit tout bonnement,—et il le dit de façon expresse,—les affirmations allemandes. La seule chose qu'il déclare lui-même c'est qu'une troupe allemande fut défaite près de Malines et qu'elle s'enfuit vers Louvain.

      Voici l'article original de la Westminster Gazette ainsi que la traduction du deuxième alinéa. Nous croyons inutile de traduire aussi le premier: celui-ci répète un conte à dormir debout sur une prétendue menace d'agression de la part des Bruxellois. Nous qui n'avons pas quitté Bruxelles un instant pendant les mois d'août et de septembre 1914, pouvons certifier qu'il n'y a pas la moindre apparence de vérité dans cette histoire. D'ailleurs, vraie ou fausse, elle ne change rien à la falsification intentionnelle appliquée par la censure allemande au seul alinéa qui, soit résumé dans l'affiche. Ajoutons que les Allemands ne soufflent mot de la première partie de l'article, tant ils savent qu'ils se rendraient ridicules en racontant cela aux Bruxellois.

       The Truth about Louvain.

      To the Editor of the Westminster Gazette.

      Sir,—In all British fairness some prominence might be given to the very narrow escape Brussels had from the terrible fate of Louvain, as described in the Daily Telegraph by its capable correspondent, Mr. Gerald Morgan. He states that, «accompanied by Richard Harding Davis», he was «permitted by the Germans to follow» their Army. A battle near Waterloo was expected, but it did not come off. Mr. Morgan and his friend returned to Brussels, and—I quote his exact words, as given in the Pall Mall Gazette—he «found the town on the verge of a turmoil. This was owing to General von Jarodzky's stupidity, and very nearly involved the town in the same rate which afterwards overwhelmed Louvain. He was left in the city with a brigade of 5.000 men. He moved 3.000 of these suddenly outside the city, and then as suddenly became alarmed for the safety of the remainder amongst so large a hostile population. He therefore marched the 3.000 camped outside hastily back again. It was reported that the Germans had been completely defeated in a great battle fought at Waterloo, and were fleeing in confusion. The inhabitants of Brussels wished to take up arms and finish off Jarodzky and any survivors, but fortunately the error was discovered in time». Now, this is exactly what the German generals declare to have happened at Louvain. We know as a certainty that a small German force was actually defeated outside Malines, and actually fled into Louvain on the very evening it was burned and devastated. The Germans allege that the townsfolk immediately started «to finish off the survivors», firing from the windows and house-tops. This insane act would rouse the devil in any soldiery, and may explain how, after a twenty-four hours' struggle, the unhappy town was a heap of ruins. Lord Roberts, the justest and gentlest of conquerors, most properly ordered widespread farm-burning in South Africa for the same offence. If you shoot without blame a soldier who tries to shoot you in the front, should you do less to an armed civilian who shoots you in the back?—Yours, etc.,

      A LIBERAL Ex-M. P.

      (Westminster Gazette, September 5th 1914.)

      TRADUCTION.

      Or, c'est exactement cela que les généraux allemands déclarent s'être passé à Louvain. Nous savons de façon certaine qu'une petite troupe allemande fut effectivement défaite en dehors de Malines, et qu'elle s'enfuit dans Louvain le soir même où la ville fut brûlée et dévastée. Les Allemands affirment que la population de la ville se mit immédiatement à «en finir avec les survivants», et qu'on tira des fenêtres et des toits. Cet acte de folie mettrait le diable au corps de toute troupe de soldats, et cela expliquerait comment, après un combat de vingt-quatre heures, la malheureuse ville n'était plus qu'un amas de ruines. Lord Roberts, le plus équitable et le plus doux des conquérants, ordonna à très juste titre l'incendie de nombreuses fermes en Afrique australe, pour le même délit. Si vous abattez à coups de fusil un soldat qui tente de vous tuer loyalement par devant, feriez-vous moins au civil armé qui vous tire un coup de fusil par derrière?

      Votre, etc.

       Un ancien membre libéral du Parlement.

      On voit immédiatement que tout l'intérêt de l'affiche allemande s'effondre si le premier mot de la citation est inexact: Lorsque la population...

      Or, le feuillet 3 du Bureau des deutschen Handelstages, Berlin, reçu par plusieurs maisons de commerce bruxelloises (voir plus loin, p. 43), reproduit aussi l'extrait de Frankfurter Zeitung; mais au lieu de dire: «Lorsque la population urbaine...», le feuillet de propagande dit: «Si la population de Louvain...», ce qui est conforme au texte anglais. Accès de sincérité digne d'être signalé pour son caractère exceptionnel.

      La fausseté des affiches allemandes ne nous est en général démontrée que longtemps après leur publication. Mais une autre de leurs qualités, la niaiserie, nous frappe tout de suite. Voici, à titre d'exemple, la copie d'une affiche devant laquelle les Bruxellois s'égayaient le ll septembre 1914:

       Nouvelles publiées par le Gouvernement allemand.

      Berlin, 6 septembre.

      L'ambassade d'Autriche-Hongrie publie la dépêche suivante qui lui a été transmise par le ministre des Affaires étrangères de Vienne: «L'information russe au sujet de la bataille de Lemberg et de la prise triomphale de cette ville est un mensonge. La ville ouverte de Lemberg a été abandonnée par nous, sans combat, pour des raisons stratégiques et humanitaires.»

      Berlin, 8 septembre.

      Le prince impérial, qui commandait en dernier lieu avec le grade de colonel une division de la Garde, a été promu par l'Empereur au grade de lieutenant-général.

      Londres, 8 septembre (agence Reuter).

      Une escadre allemande, composée de 2 croiseurs et 4 torpilleurs, a capturé 15 barques de pêcheurs anglaises, dans la mer du Nord, et conduit de nombreux prisonniers à Wilhelmshafen.

      Le Times annonce que le croiseur allemand Dresden a fait couler un navire à charbon anglais sur la côte brésilienne. En outre, deux navires de transport anglais auraient touché à des mines.

      D'après des informations viennoises, deux croiseurs anglais gravement endommagés se trouveraient dans le port d'Alexandrie; tous les deux montrent de fortes traces de coups de feu.

      Rome, 8 septembre.

      Le


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